lundi 9 janvier 2012

MORLANTE CRITIQUE


Morlante est le troisième roman de l’auteur québécois Stéphane Dompierre publié chez Coups de Tête. Il fait son entré dans la piraterie pour adultes avec cette aventure... beaucoup trop courte!

1701. Dans la cale d’un bateau anglais, Morlante poursuit tranquillement sa carrière d’écrivain. Mais on ne l’emploie pas pour son talent à raconter des histoires ou sa calligraphie soignée. Quand le bateau est la cible de pirates ou d’une armée ennemie, il range sa plume, sort ses machettes et rentre dans le tas. On ne marque pas son époque en écrivant des livres, mais en tranchant des gorges. Morlante, un road movie sanglant sur les eaux noires de la mer des Caraîbes.

Dompierre affirme que les livres de pirates manquent d’humour, de sexe et de violence, alors il s’est fait plaisir!

Je suis plutôt ambiguë face à ce livre. Premièrement, j’ai un gros problème avec le format du livre qu’on nous vends comme un roman d’aventures. Désolé, mais avec 42 chapitres s'étalant sur 145 pages seulement et en gros caractères, c’est une nouvelle! Il m’a fallu moins de deux heures pour le terminer. À 15$ je trouve que c’est du vol!

Sur le contenu, j’ai bien aimé l’humour noir de Dompierre, l’érotisme et la violence omniprésente. Les chapitres ont en moyenne 2 ou 3 pages et certains passages sont très bien réussis : « Il compte inviter à bord des femmes à l’œil fripon, à la cuisse légère et à la chatte odorante, dans le but avoué de s’offrir une mémorable nuit d’orgie. Regarder les putes danser sur les tables au son des tambours et des violons, choisir la plus perverse et l’asseoir sur sa queue, en baiser une autre et une autre encore, jusqu’à ce que ses jambes ne le portent plus, oui, voilà ce qui lui rendra sa bonne humeur. »Sympathique n’est-ce pas!?

Voici un autre extrait qui résume bien Morlante : « Couvert de sang, l’écrivain aux machettes émerge d’un tas de corps lourds et inanimés. La vision est impressionnante et l’effet de surprise joue en sa faveur. Il glisse entre les jambes des ennemis et enfonce ses lames dans ce qui s’offre à lui : ventres, couilles, côtes, anus ou tibias, et même les plus grands des colosses s’effondrent, le souffle coupé. Il les achève d’un geste précis, soit dans le cœur, soit dans la tête. Le sang gicle à chaque coup de lame et le sol poisseux est jonché d’entrailles et de membres humains. Morlante commence à peine à s’amuser. Méthodique, il s’occupe des plus dangereux, ceux armés de pistolets, heureusement imprécis lors des combats sur les navires, mais, tout de même, il reste prudent. Il leur tranche la gorge d’un geste leste, range une machette pour s’emparer de l’arme à feu et la décharger dans la tête de n’importe quel autre assaillant qui passe par là, semant le chaos et la terreur, entraînant les pirates dans la mort à une vitesse foudroyante. Déjà terminé? Il achève les rampants, essuie ses lames sur la cape d’un cadavre pas trop souillé, range ses machettes dans leurs étuis et en profite aussi pour se débarbouiller le visage. Il sort son calepin, de l’encre, sa plume, et prend quelques notes en sifflotant. C’est comme ça, l’inspiration, ça frappe à tout moment. Inutile de lutter. »

C’est très bon et nul doute que Dompierre sait bien écrire. Le problème c'est qu'il n’y a pas vraiment d’histoire. Ce sont des personnages qui tuent encore et encore (et je ne parle pas de réalisme car là on rigolerait un bon coup). Il y a des concepts intéressants mais très mal développés (ou pas du tout). Avoir trouvé ce livre à 16 ans, je serais probablement à l’extase, entrain de le relire une deuxième fois. C’est rapide, violent, drôle et plein de sexe. On nous lance en pleine gueule tout se que l’on a castré aux récits de pirates ces dernières années. Imaginez le premier acte d’Orange Mécanique, sur mer. Malheureusement, j’aurais aimé avoir une histoire avec cette décapitation surréaliste.  

Un essaie sympathique 7/10 

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